Ainsi vous pourrez découvrir ce magnifique pays à travers une association :
ACIM - ASIA,
une mission Catholique :
Rosa Mystica.

dimanche 17 octobre 2010

Une journée de bonheur à Glan



Tout commence le mercredi 13 octobre. Deux hommes en uniforme rentrent à l'office; nous appelons Shéryl qui s'occupe de la communication avec l'armée. Nous sommes conviées à une petite réunion et un peu excitées à l'idée d'avoir d'autres missions, nous nous installons et nous concentrons pour bien comprendre tout ce que l'officier nous dit. L'un est le lieutenant Valenzuela de la "Charlie compagnie", qui gère toutes les missions médicales de Saranganie. Il nous demande si l'association peut être partenaire de l'armée pour toutes les "Med CAP"(Medical Civil Action Program) qu'elle organise. Il nous montre le programme, il y en a presque toutes les semaines !!!

Vient la première mission avec ce lieutenant, samedi 16 octobre. Levée à 4h00 cette fois. Un truck de l'armée vient nous chercher à 5h00 pile ! Tous les volontaires sont arrivés nous partons après les premières photos. Cette fois il y a une équipe de 5 soldats armés de M16.

Dans Gensan nous retrouvons deux autres trucks remplis de volontaires philippins appartenant à d'autres associations dont le "reach international healthcare".

Nous discutons un peu avec les militaires, le temps d'en entendre un nous annoncer qu'il recherche une femme! Il nous demande notre âge et si nous avons un petit copin ! Nous en rions bien et chacun s'endort comme il peut, pour récupérer un peu de la nuit courte que nous avons eu. Bientôt nous surplombons la mer en arrivant dans les montagne, le truck roule à une allure de 90 Km, Maricar et moi commençons à avoir des nausées... Mais après 1h 30 de trajet, nous nous arrêtons devant une école de Glan, ville de la province de Saranganie, où les Philippins nous ont préparé un petit déjeuner : riz, porc... café. Notre café est trop chaud nous n'arrivons pas à le finir, il faut partir 20 mn après.

En route dans de nouveaux camions! Enormes et plus étroits, ils permettent de passer dans tous

les chemins de la montagne. Nous grimpons dedans, une corde tendue au milieu permet à chacun de s'agripper. C'est partie pour 1H45 debout à se tenir à la corde contre "vents et marées". Le camion roule environ à 50 km/h avec des freinages brusques qui nous font basculer régulièrement les uns sur les autres. Nous espérons que personne ne passe par dessus bord. Mais tout le monde se tient bien et des militaires assis sur les bords retiennent certaines personnes.

Le paysage est magnifique, nous avons l'impression de traverser la jungle et nous apercevons

par moment deux ou trois cahutes et un habitant monté sur un petit cheval, moyen de transport des montagnards. Il y a des arbres énormes qui passent par dessus les chemins et provoquent des "baissez les têtes" régulièrement.

Le lieutenant m'explique que nous allons traverser des rivières, cela m’enchante d'avance. En effet je vois dans le ravin des rivières qui passent dans la vallée.

Nous commençons à descendre pour y arriver, c'est génial ! Nos mains commencent à rougir et

nos muscles de bras à se tendre, mais ce n'est pas grave car tout le monde est content, philippins comme étrangers.

Nous chantons au rythme des freinages ou des balancements de droite et de gauche du camion. Nous arrivons à la rivière, la première traversée est impressionnante. Il y a du courant, l'eau

arrive à hauteur de la moitié de la roue, le camion ralentie au milieu mais un bon coup d'accélérateur nous fait traverser. Nous allons traverser une bonne dizaine de cours d'eau de la même manière. Il n'y pas de chemin dans les montagne, les lits des rivières sont les voies les plus praticables.



Tout autour de nous le paysage est très beau, en réalisant que nous sommes entourés de collines, je me rappelle Dien Ben Phu et pense qu'une attaque dans un tel site serait plutôt à éviter !


Il est 8h45, bientôt nous arrivons sur un dernier chemin. Creusé par le passage d'autres camions et par la pluie, il est fait de deux énormes ornières. Le camion prends de l'élan, tout le monde s'accroche et nous passons! Le petit village qui appartient à Glan est là sous les arbres de cocotier, et nous pouvons même voir une maison en bois dans un arbre semblable à celle d'Assuranstourix au milieu de ce charmant hameaux.

Les villageois paraissent vivre de leurs ressources loin du monde moderne et de la pollution.

Cochons, chèvres et volailles se côtoient dans les ruelles, nous pouvons aussi admirer du mobilier artisanal fabriqué en pneu ... Mais étrangement nous découvrons aussi 5 panneaux solaires qui leur fournissent l'électricité. Nous sommes accueillis avec un nouveau petit déjeuner et du vrai café fait sur place. Je le déguste avec plaisir, ne pouvant à nouveau le finir car nous devons traverser à pieds la rivière avant de monter sur la colline d'en face où se trouve l'école où nous allons nous installer.

Arrivée à l'école le lieutenant répartit la disposition des lieux, chacun s'installe et trouve son matériel.


Chantal sera assistante d'un des deux dentistes, comme toujours le travail consiste à arracher des dents, jusqu'à six dans la même bouche! Dans la matinée, une femme s'évanouit à la fin de l'intervention mais elle est tout de suite prise en charge par le dentiste et d'autres femmes. Pour l'assistante, le travail consiste à tenir la tête du patient, préparer et laver les instruments en prenant garde que les chiens ne viennent pas boire dans la bassine de lavage !

Un médecin est aussi présent. Une association gère les médicaments, Bimbo et Paula (deux volontaires philippins d'ACIM) vont les aider.

Tous les autres membres de l’ACIM sont à la circoncision. Cette fois les militaires ne savent pas

circoncire et je me retrouve seul à bien connaître. Du coup je dis à Maricar de se préparer sa propre table, car toute seule je ne pourrais pas tout faire. Avec plaisir elle le fait. Il est 10h, c'est partie, la séance est ouverte ! Pour le premier garçon, Maricar n'est pas sure d'elle pour couper, du coup elle me remplace pour suturer et je prend son patient. Après tout ira bien et elle formera aussi Mel qui connaissait un peu. Ils feront une équipe de choc.

Une autre association vient nous aider et rajoute une troisième table, car un des membres avait pratiqué la circoncision il y a longtemps et il peut l'apprendre à une américaine de 22 ans qui est là pour 3 mois et qui sait juste suturer. Le matin nous n'avons pas avancé très vite, mais l'après midi a été plus rapide. Nous nous sommes arrêtés à 15h car nous n'avions plus d'antibiotiques. Du coup pour les derniers, Véronique et Sheryl ont appris à circoncire.

Les enfants étaient assez impressionnés de ne voir que des filles

faire ce travail et en plus, presque toutes blanches. Mais le premier passé rassure les autres. Certains garçons pleurent au moment de l'anesthésie, serrant les dents et se demandant ce qu'ils font là, mais prenant leur courage à deux mains, ils affrontent cette petite opération. D'autres font les fières et serrent rapidement les dents pour l'anesthésie. Après, ils relèvent rapidement leur tête pour voir ce qui se passe. Il est amusant de voir qu'une ribambelle de garçons se met aux fenêtres (il n'y en a pas, juste des emplacements) pour observer et regarder dans certains cas qui est la personne qui opère le plus rapidement.

Je vous rappelle juste qu' aux Philippines la circoncision est faite à tous les garçons pour des

questions d'hygiène. Et je peux dire que c'est utile !

Dans l'après midi, une de nos volontaires discute avec le Lieutenant organisateur de la mission. C'est très intéressant de voir l'esprit dans lequel il prend à coeur son travail d'officier. Il raconte qu'en sortant du Collège, il pensait partir en Angleterre avec sa "girl friend". Il décide finalement de rentrer dans l'armée pour être au service de son pays et de ses pauvres, son "amie" le quitte. Il considère que la condition d'un militaire est assez bonne et qu'il est normal d'en faire profiter les plus démunis . La conversation a dérivée ensuite sur la difficulté du travail militaire sur l'île de Mindanao. Le Lieutenant explique que l'armée doit faire face à deux problèmes importants. D'une part le MNLF (Moro National Liberation Front) qui est musulman et veut l'autonomie de l'île de Mindanao; d'autre part le NPA (New People Army) qui est communiste et lutte contre le régime démocratique philippin. Cependant, ce dernier mouvement a du mal a se rependre. C'est passionnant de chercher à connaitre et comprendre le pays en interrogeant directement les Philippins.

Au moment du déjeuner, Maricar remarque qu'il y a pas mal de catholiques malgré une majorité

protestante. Du coup elle fait une annonce pour ceux qui veulent des

chapelets. Ceux ci partent comme des petits pains, de nombreuses mains se tendent toutes ensembles, de la même manière qu'elles se tendraient en France pour recevoir la signature d'une star. Mais ici ils croient en Dieu et c'est ce qu'il y a de plus important; les sourires sont magnifiques à l'idée de recevoir un chapelet et de le mettre autour du cou, et tristes sont les regards des personnes qui n'ont pu en avoir. Maricar leur explique comment s'en servir, vérifiant qu'ils connaissent bien les Je vous Salue Marie et Notre Père. Elle va aussi leur distribuer des papiers contre l'avortement et la contraception ce qui part aussi rapidement.



17h30, l'heure du retour sonne, nous devons redescendre au petit village et nous sommes déjà excités à l'idée de remonter dans le camion. Avant le départ, on nous propose un nouveau café que je ne pourrai pas finir pour la troisième fois de la journée... Nous finissons par quelques petites photos des villageois qui sont fières d'être pris et nous montrent leur plus grand sourire.

Le retour en camion se fait toujours au son des chants français, anglais ou Tagalog. Les philippins

apprennent le chant "la vie est belle", tout le monde est aux anges et chantent à tue tête. Mais attention ! car le camion se balance, "tenez vous bien" crie un militaire, et hop ! nous descendons presque à pic dans la rivière, des cris de filles se font entendre "ahhhhhhhh"! Les militaires nous imitent, personne n'est tombé à la renverse, tout le monde rigole, l'ambiance est très bonne!

La nuit tombe et l'atmosphère change. Nous sommes en hauteur dans la montagne, les ombres de la vallée éclairée par la lune paraissent effrayantes mais très belles aussi. Cela permet à notre imagination de travailler....nous nous croyons acteurs d' un film d'action.

19h30, bientôt nous retrouvons notre point de départ, un dîner nous est présenté c'est un "boodles fight", repas militaire : vous avez des feuilles de bananiers disposées en chemin de table, le riz est dessus avec de la viande et du poisson. Nous disons le bénédicité et tout le monde mange avec les doigts. Je vous conseille de bien trouver votre place autour de la table pour manger car cela part à une allure impressionnante. Vous avez à peine commencé que déjà les feuilles de bananier sont toutes propres ! Un militaire nous explique en rigolant que dans l'armée, c'est parfois à coup de poing qu'ils récupèrent leur ration de riz !

Ils sont pauvres, ils habitent loin de la technologie, ils vivent simplement, ils croient en Dieu, ils sont un exemple pour nous.



3 commentaires:

  1. c'est super !!!! Je t'envie trop mais bien sûr je pense toujours à vous et prie bien pour vous. Donne le bonjour aux autres que je n'oublie pas. J'ai bien prié pour chacun d'entre vous au pélé de Lourdes. Bon courage et j'espère à bientôt. Bisous

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  2. Super article tres vivant...et que de bons souvenirs!

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  3. Merci beaucoup à tous.
    Caro, nous pensons bien à toi aussi, merci pour tes prières, bon courage pour la reprise du boulot.

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