Ainsi vous pourrez découvrir ce magnifique pays à travers une association :
ACIM - ASIA,
une mission Catholique :
Rosa Mystica.

lundi 7 mars 2011

Ce qui vous attend aux Philippines



Je ne savais pas vraiment à quoi je devais m'attendre en visitant ma sœur, à Mindanao, au sud
des Philippines. Bien sûr, comme beaucoup d'entre vous, je lisais régulièrement les nouvelles qui nous arrivaient par Internet ; bien sûr, je savais que le sud-est
asiatique ne ressemble en rien à l'Europe, et encore moins à la France ; bien sûr, je savais qu'un autre environnement social, un autre mode de vie, une autre perception de l'univers avaient cours aux Philippines. Mais pouvais-je m'attendre à ce que j'allais y vivre ? Je ne crois pas.


Malgré tous les conseils que l'on peut lire à droite ou à gauche, nous ne pouvons nous y préparer totalement.

Par la fenêtre du hublot, je distingue progressivement les formes hachurées des montagnes philippines. Le commandant nous annonce notre atterrissage imminent à General Santos City, ou

Gensan. Deux jours auparavant, Manille s'était révélée à moi. Séjournant chez un ami qui travaille dans une association catholique, je me suis permis de l'accompagner dans ses pérégrinations quotidiennes. Il s'occupe de centres d'accueil des enfants des rues, l'occasion pour moi de constater de visu la misère sociale de ces pays où les parents peuvent laisser tomber leurs enfants pour des raisons d'argent.

A Gensan, un comité d'accueil improvisé me fait signe. Je reconnais ma sœur, environné de Philippins. Au loin, un volcan dessinait sa silhouette imposante. Les nuages cachaient à ma vue le sommet d'un tel monstre. Le volcan est visible où que l'on soit dans l'île. On dit que les terroristes ou les néo-révolutionnaires rôdent dans les parages. De toute façon, est-ce logique de

s'approcher d'un volcan qui, de temps à autre, fait part à tous de ses colères ? Par conséquent, le volcan est resté pour nous comme un horizon indépassable et mystérieux, source de nos imaginations et de nos craintes, toujours présent, sur nos photos et dans nos souvenirs, mais toujours inviolé des touristes occidentaux.

L'Office principal d'Acim Asia se présente comme une petite masure dans un quartier populaire de Gensan, un peu à l'écart du centre ville. C'est là, entre jungle verdoyante et urbanisme excessif, que je passerai la plupart de mon temps aux Philippines. C'est de là que nous préparons nos aventures. C'est là aussi que nous découvrons les

profonds besoins qui empêchent l'association de fonctionner

correctement : il fallait réparer le moteur de la voiture et changer les roues ; il fallait aussi prévoir les éléments dont nous aurions besoin pour la très prochaine mission médicale. C'est ici que je prenais conscience du fatalisme inhérent à l'état d'esprit philippin. Les Philippins préfèrent laisser faire, vivre au quotidien, et ne se soucier des problèmes uniquement quand ils apparaissent. S'ils

sont très gentils, les Philippins vivent au jour le jour, s'adaptant sans cesse aux difficultés qu'ils peuvent rencontrer. Les choses ne tournent pas comme on le voudrait, mais ils s'adaptent : la journée de mission médicale sera plus longue ou plus courte selon les cas, les moyens alloués dépendront exclusivement de ceux qui arrivent sur place, et, dans tous les cas, le personnel finira la journée à bout de nerf…

A l'issue de la mission médicale, harassés, fatigués, nous décidons tout de même de nous lever tôt pour visiter le centre de Mindanao, un endroit montagneux d'où l'on peut essayer l'une des plus hautes tyroliennes au monde. Perchés à 600 mètre d'altitude, nous voilà entre les mains de techniciens nous attachant solidement à la corde, l'unique corde qui traverse la vallée profonde, au-dessus des grandes chutes de la rivière dans la jungle florissante. Moi qui est le vertige, j'avais tout de même un brun de

réticence, vite envolé une fois les premiers mètres accomplis au-dessus du vide. Adossés à la corde, le visage tourné vers le vide, nous ne pouvions que contempler cet immense chaudron de falaises, d'eau déferlante et de végétations luxuriantes, que nous allions visiter juste après. Le temps de parcourir la vallée et de remonter les 1500 marches branlantes de ce qu'il faut bien appeler des "escaliers", nous déjeunons au milieu d'un lac, sur des bateaux traditionnels.

Le lendemain, toujours aussi fatigués, nous partons dans le sud de Mindanao pour pratiquer la

plongée sous-marine. L'eau transparente nous fait entrevoir ce que nous verrons un peu mieux un peu plus tard. Pour l'heure, nous restons sur la plage, à l'ombre des palmiers, en attendant les moniteurs. Pour ma première plongée, je ne parviendrai à descendre qu'à 8 mètres. Lourd des bombonnes d'oxygène, des poids et du harnachement de plongée, je ne parvenais pas à me mouvoir suffisamment aisément pour me contrôler, harmoniser mes mouvements et ma respiration, et descendre plus bas. Mais nous approchâmes les coraux, la végétation flamboyante et multicolore, dans les grands espaces sous-marins. Bien incapable de nommer les plantes aquatiques, je n'en étais pas moins admiratif. De temps à autres, nous croisions un

banc de poissons, passant au-dessus de nos têtes, se perdant dans le soleil

trouble que nous apercevions du fond des mers. Parfois, quelques poissons clown tourbillonnaient autour de nous avant de se réfugier dans les interstices des rochers.

D'habitude, ces poissons circulent d'instinct entre les doigts des plongeurs quand on les attrape. Ce sera pour une autre fois. Nous émergeons, essoufflés, mais plein d'entrain. Il paraît qu'avec ma taille, j'allai beaucoup trop vite et que je m'essoufflais trop rapidement. C'est probablement vrai. J'en suis sorti épuisé, mais heureux, content d'aller se reposer dans un resort voisin, attablé, le regard portant sur l'immensité de la mer qui nous faisait face.

Le lendemain, nous partons pour le nord-est de Mindanao, une région plus sûre. Nous souhaitons

visiter un lieu au nom si évocateur : La Rivière Enchantée. Nous y rendons sous une pluie de mousson, sans crainte, ni problème. Les pluies sont chaudes. Nous pouvons ressentir tout le bonheur qu'il y a à nager dans cette eau transparente, sous des falaises de verdures. Tout est une question d'apparence. La jungle est dangereuse. Et, contrairement à ce que nous pensons, nous nageons au-dessus d'un vide d'au moins 30 mètres de fond. Il me semblait pourtant nager dans une rivière normale. Un peu plus loin, pour quelques pièces, nous traversons des îlots de jungle et de palmiers pour rejoindre une pêcherie comportant un enclos de poisson divers, de raies et de tortues. Nous attrapons une tortue ; nous nageons avec elle, sous l'œil attentif des pêcheurs qui jettent de la nourriture aux poissons.











pleut toujours, mais nous ne nous lassons pas de visiter le pays. A Davao, nous sommes accueillis

par une famille qui mettra un point d'honneur à rendre notre séjour agréable. Nous visitons une île

paradisiaque située en face de Davao, Samal. Une île faite de cocotier, de cascades et de stations touristiques, où les rares espaces non balisés offrent à notre vue un panorama magnifique, mais sévèrement tarifé. Tout est payant, la moindre cascade, comme le moindre siège utilisé sur l'île. Mais cela ne nous empêche de visiter la plus grande colonie de chauve-souris au monde, des roussettes, présentes à plus de trois millions d'individus.








Et puis il y a les visages rencontrés. Tout d'abord, les membres d'Acim Asia. Les Philippins sont

particulièrement accueillants, que ce soit le lieutenant des forces philippines, nous conviant à leurs missions médicales, ou le personnel d'Acim Asia. Tous restent serviables et avenants, malgré le danger que représente la présence d'Européens dans le sud des Philippines. Certains sont trop facilement tentés par l'argent facile, et des otages européens sont trop souvent la garantie de recevoir des espèces sonnantes et trébuchantes. Il y a aussi les autres Philippins, ceux qui nous ont accueillis pendant toute la durée de mon séjour, les militaires qui nous ont accompagnés lors de la mission médicale.


Finalement, après trois semaines de péripéties, je repars en France, des souvenirs plein la tête.
J'ai la mémoire pleine de la gentillesse philippine, mais aussi de l'esprit de fatalité qui préside aux destinées quotidiennes de ce peuple emprunt de spiritualité, de superstition et d'espérances.

Thomas








2 commentaires:

  1. Merci beaucoup pour ce nouveau regard sur les Philippines! je partage tout à fait ton point de vue et suis heureuse d'y retrouver les souvenirs de joies et de peines vécues durant mon séjour!

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  2. Que de bons souvenirs me reviennent en mémoire !!!! C'est tout à fait ce que j'ai ressenti aussi à propos des Philippins. Leur gentillesse est débordante et ils nous apprennent mieux à voir le bon côté des choses.

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